Justice 2025 : entre recrutements massifs, numérique et nouveaux parcours, un tournant RH décisif
- Marceau KIPFER
- 26 sept.
- 3 min de lecture
En 2025, la justice française connaît une accélération sans précédent de sa modernisation. Plus de 400 greffiers sont recrutés cette année, dans un plan global qui prévoit 10 000 créations de postes d’ici 2027. À cela s’ajoutent la numérisation progressive de toutes les procédures, le développement de l’intelligence artificielle appliquée au droit, ainsi que l’ouverture de nouvelles voies d’accès à la magistrature.
L’objectif affiché est clair : désengorger les tribunaux, réduire les délais de jugement et restaurer la confiance des citoyens dans l’institution. Mais pour les juristes, les managers et les responsables RH, cette modernisation est aussi synonyme de nouveaux métiers, nouvelles compétences et responsabilités accrues.
1. Recruter massivement : un défi RH avant tout
Entre 2023 et 2027, le ministère de la Justice s’est engagé à créer 10 000 postes supplémentaires : 1 500 magistrats, 1 800 greffiers et 1 100 attachés de justice. À cela s’ajoutent la pérennisation des juristes assistants et l’intégration de contractuels dans des fonctions de soutien administratif et technique.
En 2025, plus de 400 postes de greffiers ont déjà été ouverts par concours. L’ambition est de renforcer immédiatement les juridictions les plus sous tension et de rendre les parcours judiciaires plus fluides pour les citoyens.
Cet effort budgétaire inédit s’accompagne toutefois d’un défi majeur : comment attirer, former et fidéliser ces nouveaux talents dans un secteur où les carrières souffrent encore d’une image de surcharge et de complexité ?
2. De nouveaux métiers et des rôles redéfinis
La création du poste d’attaché de justice constitue une évolution structurante. Ces professionnels sont appelés à épauler les magistrats dans la préparation des dossiers, la rédaction des décisions et l’analyse juridique. Ils deviennent des maillons essentiels de la chaîne judiciaire.
Le rôle de juriste assistant, autrefois perçu comme un appui ponctuel, se consolide. Désormais recrutés en CDI, ces experts deviennent des acteurs pérennes de l’efficacité des tribunaux.
Les greffiers, quant à eux, voient leurs responsabilités évoluer. Avec l’intégration massive d’outils numériques, leur fonction s’oriente de plus en plus vers la gestion dématérialisée des procédures et la coordination des flux d’information.
Enfin, les magistrats sont amenés à développer des compétences managériales accrues. L’arrivée de nouvelles équipes impose de savoir encadrer, déléguer et piloter dans un environnement juridictionnel en mutation.
3. Numérisation et intelligence artificielle : une nouvelle ère judiciaire
La modernisation passe aussi par le numérique. Le plan « Justice 2027 » prévoit la généralisation de la Procédure Pénale Numérique (PPN), qui permet de dématérialiser totalement les procédures pénales et d’accélérer considérablement leur traitement.
En parallèle, la plateforme Portalis vise à centraliser l’ensemble des dossiers civils et à offrir une interface unique entre magistrats, greffes, avocats et justiciables.
Enfin, l’année 2025 marque le lancement de projets pilotes en intelligence artificielle : assistance à la recherche jurisprudentielle, résumés automatisés de dossiers volumineux ou encore retranscription d’entretiens. Ces outils ne remplacent pas le travail des juristes, mais imposent une nouvelle acculturation aux pratiques numériques et posent des questions éthiques de gouvernance. 4. Les grands enjeux RH et managériaux
Cette modernisation soulève des défis de fond pour les équipes RH et les managers du secteur judiciaire.
Attirer de nouveaux talents suppose de renforcer l’attractivité des carrières judiciaires, en mettant en avant leur sens, leur utilité sociale et leurs perspectives d’évolution.
Intégrer et professionnaliser ces nouveaux profils implique de développer des parcours de formation rapides et ciblés, notamment sur la maîtrise des outils numériques.
Encadrer de nouvelles équipes exige de former les magistrats et greffiers au management, une compétence longtemps restée secondaire dans l’institution.
Anticiper l’impact territorial des recrutements demande de déployer des stratégies différenciées selon les besoins locaux, afin d’assurer une équité dans la qualité de service rendu.
Conclusion
La justice française vit en 2025 une mutation historique : des recrutements massifs, la consolidation de nouveaux métiers, la numérisation généralisée et l’ouverture à des profils diversifiés, notamment avec la voie du magistrat en service extraordinaire.
Pour les juristes, managers et acteurs RH, l’enjeu est immense. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les effectifs, mais bien de réinventer l’organisation du travail judiciaire, en conciliant tradition juridique et innovation technologique.
La réussite de cette modernisation ne dépendra pas uniquement des outils ou des budgets. Elle reposera sur la capacité à valoriser les parcours, à accompagner les transitions et à placer le capital humain au centre de la réforme.
Sources
[Justice.gouv.fr] Plan de recrutements 2023-2027 (magistrats, greffiers, attachés
[Justice.gouv.fr] Procédure Pénale Numérique, plateforme Portalis, projets IA
[Info.gouv.fr] Plan de transformation numérique du ministère de la Justice
[Le Monde, 2024] Budget et renforcement des moyens de la justice
[Légifrance, 2025] Réformes récentes du code pénal et des procédures




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