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Climat & économie : comment mesurer la vraie valeur d’une action durable ?

  • Linséa
  • 24 juil.
  • 3 min de lecture

Une référence centrale pour évaluer, arbitrer et accélérer la transition


Face à l’accélération du changement climatique, les politiques publiques comme les décisions privées doivent répondre à une double exigence : agir vite, et agir efficacement. Or, pour décider rationnellement des investissements à engager, des projets à soutenir ou des filières à transformer, encore faut-il pouvoir mesurer, comparer, arbitrer. C’est tout l’enjeu de la valeur de l’action pour le climat (VAC).

Derrière cette notion technique se cache une question fondamentale : quel prix donner à la tonne de CO₂ évitée ? En d’autres termes, à partir de quel coût peut-on considérer qu’une action de réduction des émissions est justifiée, rentable, prioritaire ?

Cette valeur, fixée par les pouvoirs publics, constitue un repère crucial pour orienter l’action climatique dans un cadre cohérent et transparent. En 2025, elle connaît une révision majeure en France, avec des implications fortes pour les secteurs économiques, financiers et institutionnels. 1. Une revalorisation majeure pour répondre à l’ambition climatique

La commission Quinet, mandatée par France Stratégie, a actualisé en mars 2025 la trajectoire de la valeur de l’action pour le climat. Résultat : une hausse significative, qui porte la VAC à 256 € par tonne de CO₂e en 2023 (contre 187 € auparavant), pour atteindre 300 € en 2030 et 563 € en 2050.

Cette révision s’appuie sur les nouveaux objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC 3), qui prévoit désormais une réduction de 50 % des émissions brutes d’ici 2030 (contre 40 % précédemment). Elle traduit aussi une volonté politique claire : accélérer la décarbonation dès aujourd’hui, plutôt que reporter les efforts à des échéances lointaines.



2. Un outil stratégique d’aide à la décision


La VAC n’est pas un prix de marché (comme le prix du carbone sur l’ETS européen), mais une valeur tutélaire : elle sert de référence dans les analyses socio-économiques des projets publics et privés. Elle permet, par exemple :

  • D’évaluer la rentabilité environnementale d’un projet d’infrastructure ou de transition énergétique ;

  • De comparer différentes options d’investissement en intégrant leur impact carbone ;

  • D’orienter les aides publiques vers les actions au meilleur ratio coût/efficacité climatique.

Autrement dit, toute action dont le coût de réduction des émissions est inférieur à la VAC peut être considérée comme pertinente d’un point de vue économique. C’est un critère essentiel pour rationaliser les efforts de transition.



3. Une adoption croissante par les acteurs financiers

La VAC n’est plus cantonnée aux sphères étatiques. De nombreux acteurs financiers, réunis sous l’égide de l’Institut de la Finance Durable (IFD), commencent à l’utiliser pour évaluer les impacts carbone de leurs portefeuilles d’investissement ou fixer des seuils d’éligibilité pour leurs projets.

Dans son Panorama des stratégies de transition énergétique publié en février 2025, l’IFD met en avant plusieurs bonnes pratiques : prise en compte de la VAC dans les comités d’investissement, alignement des financements sur une trajectoire 1,5°C, modélisation des coûts d’abattement carbone dans les business plans.

Cette démarche vise à faire de la valeur climat un levier d’engagement concret, capable d’orienter les capitaux vers des projets à fort impact positif – et d’éloigner ceux à fort passif carbone.



4. Quels défis pour sa généralisation ?

Malgré son utilité, la VAC reste encore inégalement mobilisée. Plusieurs freins persistent :

  • Complexité d’usage : elle suppose de disposer de données précises sur les émissions évitées ou générées par chaque projet, ce qui n’est pas toujours le cas.

  • Maturité inégale des acteurs : si les grands groupes ou les institutions publiques l’intègrent de plus en plus, les PME ou collectivités locales y sont encore peu acculturées.

  • Besoin d’outils standardisés : simulateurs, méthodologies, référentiels sectoriels manquent encore pour harmoniser les pratiques.

Pour que la VAC devienne un véritable pivot des politiques climatiques, une large diffusion culturelle, réglementaire et pédagogique est indispensable.



Conclusion : évaluer, prioriser, transformer

La valeur de l’action pour le climat est plus qu’un chiffre : c’est un étalon stratégique, un outil de pilotage, une grille de lecture pour toutes les décisions qui touchent à la transition écologique.

En 2025, sa revalorisation marque une étape clé vers une économie alignée avec l’Accord de Paris. Elle incite à anticiper, à mieux cibler les financements, à orienter les capitaux là où leur impact climatique est le plus fort.

Son intégration croissante dans les stratégies publiques et privées est un signal fort : la transition ne se décrète pas, elle se structure avec rigueur, cohérence et méthode.



Sources : 

France Stratégie – La valeur de l’action pour le climat – Mars 2025

CITEPA – Notes d’analyse carbone – 2025




Un enfant qui dessine la terre sur du carton

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