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Jeunes diplômés Bac +5 : insertion sous tension et premiers signaux de l’impact de l’IA

  • Linséa
  • il y a 17 heures
  • 3 min de lecture

1. Une insertion qui se dégrade

La nouvelle étude de l’Apec le confirme : l’accès à l’emploi pour les jeunes diplômés Bac +5 se complique.Après trois années post-Covid, le marché se contracte et la dynamique d’embauche ralentit nettement.

Les chiffres de 2024 sont explicites :

  • 72 % des diplômés Bac +5 accèdent à un emploi salarié dans les 12 mois (contre 74 % en 2023).

  • 38 % d’entre eux mettent plus de 6 mois à décrocher leur premier poste, soit deux fois plus qu’en 2022.

  • Les recrutements de cadres débutants ont reculé de 8 %, et une nouvelle baisse est anticipée pour 2025.

Ce ralentissement n’est pas uniforme. Il touche en priorité les filières historiquement les plus dynamiques : informatique, ingénierie, conseil, droit/gestion.

Des secteurs pourtant considérés comme piliers de l’économie française, aujourd’hui perturbés par le contexte économique (hausse des coûts, incertitudes politiques, baisse de l’investissement privé) et des transformations technologiques majeures.




2. Des concessions inédites pour décrocher un premier emploi

Face à un marché moins porteur, les jeunes diplômés s’adaptent,  parfois à contre-cœur.

Selon l’Apec :

  • 70 % accepteraient un autre type de contrat qu’un CDI,

  • 59 % baisseraient leurs prétentions salariales,

  • 51 % renonceraient au statut cadre,

  • 71 % seraient prêts à prendre un poste sans télétravail.

La pression est telle que près d’un quart (24 %) des diplômés occupent un emploi “alimentaire”, contre 17 % en 2022.

Une progression rapide qui interroge : risque de décrochage, perte de sens, démotivation, désalignement entre formation et travail réel.

Ce phénomène marque un renversement : les jeunes diplômés, longtemps considérés comme pénuriques, deviennent aujourd’hui une population fragilisée, peu préparée à gérer cette volatilité.



3. L’impact de l’IA : encore difficile à mesurer, mais déjà visible sur certaines filières

L’Apec reste prudente : il est trop tôt pour attribuer directement la baisse d’insertion à l’IA,Mais sur le terrain, les transformations s’accélèrent et affectent déjà l’emploi junior.


1. Informatique, conseil, finance : les filières en première ligne

Les outils d’IA générative, d’automatisation ou d’analyse avancée se déploient à grande vitesse dans les métiers à forte intensité cognitive. Résultat :

  • certaines tâches d’entrée de carrière disparaissent,

  • les entreprises exigent davantage de maîtrise technologique,

  • et le seuil d’entrée devient plus élevé.

Les juniors paient le prix de cette transition, car ce sont précisément leurs missions qui sont automatisées en premier. 2. Une reconfiguration des métiers juniors


L’IA prend en charge une partie des tâches historiquement confiées aux jeunes diplômés :

  • extraction et structuration de données,

  • recherches documentaires,

  • premières analyses,

  • préparation de notes, projets, documents juridiques,

  • reporting, benchmarks, synthèses.

Ce mouvement n’est pas marginal : il transforme la nature même de l’apprentissage professionnel.

 Les jeunes diplômés perdent une partie des tâches formatrices qui constituaient les fondations de leur montée en compétences.


3. Une hausse du niveau d’exigence

Les entreprises attendent désormais :

  • une aisance avec les outils data et IA,

  • une capacité à vérifier, challenger et interpréter les réponses générées par les modèles,

  • une autonomie accrue dans l’analyse,

  • une maturité métier plus rapide.

Pour beaucoup, l’écart entre formation académique et attentes terrain devient abyssal.


Ce décalage, déjà observé aux États-Unis, commence à se matérialiser en France.

4. Une concurrence plus dense L’IA accélère également les process RH :

  • matching plus rapide,

  • meilleur tri de CV,

  • sourcing plus large.

Cela signifie qu'un candidat junior est désormais en concurrence avec un nombre de profils plus élevé, sur un marché plus resserré.Se différencier devient un enjeu crucial, parfois difficile à maîtriser au tout début d'une carrière.


4. Une transformation qui touche aussi les organisations

L’impact n’est pas uniquement individuel :les entreprises elles-mêmes revoient leurs modèles de recrutement et de développement des talents.

1. Repenser les critères d’entrée

Le potentiel, la capacité d’apprentissage et la curiosité technologique deviennent des critères aussi importants que les compétences acquises.

2. Structurer davantage l’intégration

Les jeunes attendent :

  • du feedback,

  • un cadre clair,

  • un management présent,

  • et des perspectives.

Sans cela, la volatilité s’accentue.

3. Former au “travail avec l’IA”

L’enjeu n’est pas de remplacer, mais d’augmenter les compétences. Les entreprises qui ne forment pas à l’IA prennent un risque : celui d’un écart croissant entre leurs attentes et la capacité d’évolution interne.

4. Renforcer la dimension humaine

Paradoxalement, l’accélération technologique renforce l’importance du relationnel, du management de proximité, de l’accompagnement RH.


 Les jeunes diplômés sont en attente de lisibilité, de soutien, d’encadrement.


5. La lecture Linséa : accompagner les jeunes diplômés autrement

Chez Linséa, nous faisons face à ces évolutions au quotidien.Notre conviction est claire : la tension actuelle n’est pas une fatalité, mais un tournant stratégique.

  • Les jeunes diplômés ont besoin d’être accompagnés pour clarifier leurs priorités, structurer leurs compétences et identifier leur potentiel.

  • Les entreprises ont besoin de partenaires capables d’évaluer autrement : au-delà du CV, au-delà de l’expérience, au-delà des critères classiques.

Le marché change ; notre manière de recruter aussi.


Un enfant qui dessine la terre sur du carton

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